L’art de la peinture et Alfons Mucha

Alfons Mucha, Prophetess, 1896, tempera, 87 x 138 cm, Prague, Musée Mucha

Le musée Mucha expose de nombreuses affiches de l’artiste, qui lui ont conférées une gloire internationale. Mais au cours de notre visite nous avons aussi eu la chance d’y observer quelques peintures qu’il a réalisé. Car si Alfons Mucha a été un célèbre affichiste et dessinateur, participant au début de l’art nouveau, n’oublions pas qu’il fut également un peintre. Il a d’ailleurs étudié cette technique lors de ses études à l’académie des Beaux-Arts de Munich.
Sa peinture possède des sujets communs avec ses affiches : on y retrouve de nombreuses femmes et un certain mysticisme. Nous avons par exemple observé ces similitudes dans une tempera typique de ses premières peintures : Prophétesse de 1896. Ici il représente une jeune fille d’une grande beauté, entourée par la nature dans une composition assez classique.

Une de ses œuvres peintes m’a particulièrement touchée : Étoiles datant de 1923. Y est représentée une femme russe, assise dans la neige alors que la nuit est tombée. Elle a les yeux fermés et les mains tendues vers le ciel. Cette position traduit l’abandon de cette femme qui accepte sa mort qu’elle sait proche. En effet on peut apercevoir sur le côté gauche de la toile des formes sombres : des loups approchent. Cette présence nous laissent facilement imaginer la fin tragique de cette femme. Cependant il y a également un certain mysticisme dans ce tableau : l’étoile qui brille vivement au dessus d’elle. S’agit il d’une forme d’espoir, ou l’esprit de cette femme qui quitte déjà son corps ? Les couleurs froides du tableau, dominé par le bleu, ainsi que l’expression de ce personnage nous invite à une certaine méditation sur la vie, et presque à un certain apaisement. Avec cette toile Mucha veut rendre hommage au peuple russe pour qui il a une grande sympathie. Ici l’artiste dépeint la souffrance de ce peuple qui connait la guerre civile et la famine suite à la révolution Bolchévique de 1917. Pour réaliser cette toile Mucha a utilisé une photographie qui lui a servi de modèle, chose que l’artiste faisait régulièrement et qu’on peut observer plusieurs fois dans l’exposition.

Alfons Mucha, Étoile, 1923, huile sur toile, Prague, Musée Mucha © Mucha Museum / Mucha Trust 2017

La vidéo présentée à la fin du musée nous rappelle aussi une série d’œuvres qui a occupé Mucha pendant la dernière partie de sa vie : l’Épopée Slave. Si l’artiste a longtemps habité à Paris il n’en n’est pas moins un grand patriote. Lors de son retour dans son pays en 1910, il va réaliser ces tableaux qui ont pour but de glorifier les slaves et leur histoire. Cette série de 20 tableaux, qui a pris 18ans à Mucha pour l’achever, a été financé en grande partie par l’Américain Charles Richard Carter qui a été un mécène important.
Ces œuvres représentent chacune un évènement de l’histoire du pays qui a été choisi par Mucha et que l’artiste considère donc comme important. Celui ci invite ainsi à l’union de son pays. Ces toiles recouvrent une grande période de l’histoire, du IIIe siècle jusqu’au XXe, époque du peintre. Bien sur on est loin d’une représentation historique réaliste et Mucha projette beaucoup de fantasme dans ces tableaux « d’Histoire ». Ce cycle se termine par l’Apothéose des Slaves, où Mucha figure la puissance et la grandeur de son peuple.

Bien que cette production de peinture ait été importante, la postérité n’a retenu de Mucha que ses affiches. En effet il ne fut pas d’une aussi grande inventivité en peinture que dans ses dessins. Il est donc important de se souvenir de cette partie de son œuvre qui, bien qu’aujourd’hui un peu oubliée, fut très importante dans sa vie d’artiste.

Elise Cochelin

Le musée Mucha

Alfons Mucha, Les Fleurs, lithographies, 105x45cm, vers 1897

Alfons Mucha, artiste de l’art nouveau du XXe siècle, se voit dédier un musée à Prague, ville de ses derniers jours. Ce dernier présente en grande partie son travail d’illustrateur d’affiche qui fit son succès et sa renommée encore actuelle. Les femmes jonchées de fleurs et d’arabesques se multiplient pour nous laisser entrer dans l’art de la belle époque.
De l’affiche de décoration à celles annonçant pièces de théâtres ou Salons parisiens, les courbes de la femme jouent avec celles des éléments naturels ou motifs décoratifs imaginés par l’artiste.


Les différentes œuvres présentées permettent d’appréhender l’aspect technique dans un second temps. Affiches stoppées en cours de réalisations ou travaux préparatoires présentent le travail et le talent de Mucha. Quelques photos viennent également agrémenter la visite et laissent entrevoir la vie d’un atelier et les différentes relations tissées par l’artiste dans le milieu artistique.


Son génie ne se limite pas à l’illustration d’affiches, de catalogues, revues, calendriers… mais s’exporte à la peinture. D’un genre plus classique tiré de son enseignement parisien tel que celui reçu à l’Académie Julian, les peintures témoignent d’un engagement envers la cause nationale. Ces œuvres moins connues du public sont accompagnées des quelques objets de mobiliers et photos intensifiant l’immersion dans son univers.

Le musée se termine sur la diffusion d’un court film narrant l’histoire de l’artiste tchèque. Alors que celui-ci dévoile la vie de Mucha, il apporte un complément sur les œuvres emblématiques mais non comprises dans les collections du musée.

Aurore Gautier