L’église Notre-Dame-de- l’Assomption-de-la-Vierge de Sedlec, Kutnà Hora

Le jeudi 23 mai, les étudiants en troisième année d’histoire de l’art de l’UPJV de Picardie se retrouvent un peu perdus dans une des grandes gares de la capitale tchèque. Leur destination: Kutnà Hora ! Ils comptent y visiter l’ossuaire et les alentours de la ville. Et c’est justement sur ces alentours que nous allons nous attarder.
Le charme de l’exploration de contrées inconnues est de tomber sur des joyaux auxquels nous ne nous attendions pas. Notre rencontre avec l’église Notre- Dame-de-l’Assomption-de-la-Vierge de Sedlec en est un parfait exemple. Cette église du XIIe siècle est l’un des joyaux de l’architecture gothique de la République Tchèque. Avec le célèbre Ossuaire de Sedlec, elle fait partie des bâtiments construits par la plus ancienne communauté cistercienne de Bohème, l’abbaye de Sedlec, fondée en 1142. Cette église abbatiale est donc le premier édifice de la région d’Europe centrale de plan gothique.

Bâtie sur les fondations d’un premier couvent, son constructeur serai le prétendu maitre du temple de Sedlec (1290-1320), personnage inconnu. Cette fabuleuse église, souvent appelée cathédrale, par sa grandeur, lie l’architecture des cathédrales gothiques du nord de la France à des éléments allemands. La guerre hussite (1420-1434), qui confronte les catholiques contre les partisans du théologien et réformateur religieux Jan Hus (1369-1415), fut fatale pour l’église Notre-Dame-de-l’Assomption-de- la-Vierge. Elle fut détruite en 1421, et resta en ruine jusqu’à sa restauration en 1699 par l’architecte Jan Blažej Santini-Aichel (1667-1723). Ainsi l’église pris un autre aspect: l’architecte garnit l’extérieur du bâtiment de pinacles (ouvrages en plomb ou pierre, de forme pyramidale ou conique), et fait élever une voute d’inspiration médiévale à l’intérieur. L’architecte restaurateur allie donc le style gothique d’origine, avec le style baroque, mélange très répandu dans l’entièreté de la Bohème. L’édit de tolérance du 13 octobre 1781, proclamé par l’empereur Joseph II (1780-1790), donne la liberté de culte aux luthériens et aux réformés. Cet amendement porta préjudice à l’abbatiale qui fut abandonnée en 1783 et fut déconsacrée. Dès 1806, l’édifice endossa la fonction d’église paroissiale de Sedlec et de la commune voisine de Malín, qu’elle remplie encore aujourd’hui. Depuis 1995, l’abbaye est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Après une grande restauration, principalement financée par le programme de préservation du patrimoine architectural du ministère de la Culture de la République tchèque, l’église Notre-Dame-de- l’Assomption-de-la-Vierge a été réouverte au public en 2009.

Bien loin de la foule et de l’atmosphère pesante et chargée de l’ossuaire, l’église est très claire et apaisante. Elle nous accueille chaleureusement au sein de ses murs jaunes et blancs, et nous invite à emprunter ses escaliers, afin de gagner de la hauteur. Cette église, d’une grande élévation, présente un décors intérieur épuré, hormis le choeur, ponctué de tableaux liturgiques, sous une immense voûte. La croisée du transept est surmontée d’une coupole décorée. Nous avons trouvé cette cathédrale gothique bien plus lumineuse que toutes celles visitées auparavant. Cet effet est sûrement dû aux couleurs des murs, ou même des vitraux verts, roses et bleus qui n’altèrent pas les rayons du soleil. Sa particularité: les combles sont ouvertes au public, ce qui permet la découverte inédite et fascinante de la majestueuse voûte depuis la charpente, et atteindre la tribune ouest, pour découvrir l’édifice sous un angle totalement différent. Cette tribune nous offre un point de vue inédit sur les édifices gothiques, en nous permettant de les admirer à hauteur de voûte. A juste titre, ces voûtes, pour nous étudiants, ont permis de nous apporter une dimension concrète à tous nos cours d’architecture médiévale. Quelques vestiges de la guerre hussite subsistent, par la présence d’ossements de moines assassinés, enfouis dans la maçonnerie des murs de l’église. De part et d’autre du chœur sont exposés deux reliquaires très particuliers: deux squelettes entièrement décorés, chacun allongé dans un caveau de verre. Le transept sud abrite un orgue monumental, et le transept nord l’escalier en colimaçon qui permet d’atteindre les combles. Cette ancienne abbatiale est typique d’un mélange de deux styles, qui permettent de mettre en valeur la hauteur et la subtilité du bâtiment. Elle fut la plus grande église de Bohème jusqu’à la construction de la cathédrale Saint-Guy de Prague, dans l’enceinte du château.

Rachel Blanchard, Louise Fouquet et Célia Rodrigues

La maison municipale de Prague

La maison municipale, Prague

La Maison Municipale (obecni dum en tchèque) se situe juste à côté de la Tour Poudrière, c’est l’un des plus beaux monuments de Prague. De nombreux artistes ont participé à la réalisation de ce monument, de 1905 à 1911, apportant chacun des influences diverses. On le considère néanmoins comme un chef-d’œuvre de l’Art Nouveau et de l’art de la Sécession.

Inauguré le 22 novembre 1912, le bâtiment renferme une salle de concert, des espaces d’expositions, un café ainsi qu’un restaurant. Il devient ainsi le théâtre de la vie mondaine praguoise ainsi que celui d’importants événements politiques, comme la proclamation de la République Tchèque le 28 octobre 1918, proclamée sur le balcon.
C’est en se dirigeant de la place Namesti Republiky, vers la Tour Poudrière que nous découvrons la Maison Municipale, le premier jour de notre arrivée. On longe le bâtiment avant d’arriver au niveau de l’entrée principal, très impressionnante. Une coupole de fer et de verre la surmonte. Sur le devant, une magnifique mosaïque en demi-cercle, représentant l’apothéose de Prague d’après l’œuvre de Karel Spirral. Celle-ci est entourée d’une inscription en lettres d’or disant : “ Salut à toi Prague ! Résiste aux temps de colère, tu as résisté à tous les orages”, accompagné des armoiries de la ville.
Au-dessus de l’entrée se trouve un balcon en fer forgé, richement orné de motifs inspirés de la Sécession Viennoise. Cet édifice, voulu par la ville de Prague est l’œuvre de deux architectes, Antonin Balsanek et Osvald Polivka.

Le style de ce bâtiment se veut avant tout tchèque, mêlant des influences de l’Art Nouveau français et celui de la Sécession de Vienne. Son programme iconographique est dédié à la République Tchèque avec des scènes historiques et des allégories, comme les statues du balcon. De grands artistes tchèques ont participé au décor, le plus connu étant l’incontournable Alfons Mucha, qui a surtout travaillé dans la salle du Maire. Au plafond de cette salle on peut observer la scène appelée La Fraternité des Slaves. Autour, sont figurés huit héros de l’Histoire Tchèque, mais Mucha n’a pas seulement réalisé les peintures il a aussi pensé le mobilier. Ce salon est donc pour lui une véritable œuvre d’art totale. La magnificence de le maison municipale réside en grande partie dans sa décoration et son ornementation. Tant à l’extérieur, qu’à l’intérieur les détails sont riches et extrêmement travaillés. A l’intérieur on a la sensation de remonter le temps avec un décor et une ambiance nous plongeant au début du siècle précédent.

C’est indéniablement l’un des plus beaux édifices de Prague et un important témoignage des influences de l’Art Nouveau et de la Sécession Viennoise. Il faut donc venir admirer la Maison Municipale lorsqu’on visite la capitale tchèque.

Lucie Dechampagne

Le tombeau de St-Jean-Népomucène

Ce tombeau en argent de saint Jean Népomucène se situe dans la cathédrale Saint-Guy, la plus grande et la plus importante de Prague située dans l’enceinte du château. Il fut achevé en 1736 par Ignaz Platzer (1717 – 1787), un sculpteur baroque allemand, sur un projet de Fischer von Erlach (1656 – 1723), un historien de l’art, architecte et également sculpteur Australien.

Qui était donc St Jean Népomucène ?

Prêtre catholique et martyr, il est né en 1340 à Pomuk en Bohème et est décédé à Prague le 20 mars 1393. Célébré le 20 mars, il est l’un des saints les plus vénéré car patron de plusieurs corps de métier (bateliers, prêtre ou encore tout homme ayant rapport avec l’eau). Fils de berger, il gravit les échelons jusqu’à devenir chanoine de la cathédrale St Guy de Prague. Il fut torturé et jeté dans la Vltava (le plus long fleuve de République Tchèque) mais les raisons données changent selon les versions. En effet, il serait entré en conflit avec le roi Venceslas IV de Bohème (1361 – 1416) soit pour des raisons concernant les projets du roi pour la cathédrale contre lesquels se serait opposés Jean Népomucène; soit car le prêtre aurait refusé de trahir les confessions de la reine, Sophie de Bavière (1371 – 1425) , que le roi soupçonnait d’adultère. Une dernière raison serait dû à son rang de vicaire général de l’archevêque de Prague avec qui il était entré en conflit. Quoi qu’il en soit toutes les sources s’accordent sur le fait qu’il fut bien torturé et jeté dans la Vltava depuis le Pont Charles à Prague. Il fut ensuite canonisé en 1729, par le Pape Benoît XIII comme martyr de la sainte confession, après la découverte de la incorrompue langue (un état non explicable par la science) du prêtre après son exhumation, bien que ce soit une des parties les plus périssables du corps.

Le tombeau en Argent

Un tombeau aussi impressionnant n’a pas pu échapper à notre regard durant ce voyage. En effet s’il est bien une pièce majeure dans cette cathédrale il s’agit bien de ce tombeau. Légèrement en retrait, il se trouve au fond de la cathédrale proche du chœur. Nous ne pouvons pas tourner autour mais seulement nous en approcher suffisamment pour contempler ce décor magnifique. Et quel décors trouvons-nous ? Son décor est constitué de divers éléments.

Le premier élément qui compose ainsi son détail est celui donc des grands pans de velours rouges tenus par des anges d’argents. Cet élément est assurément celui qui permet autant d’englober la structure que de la présenter au regard.

Au dessous nous trouvons le tombeau même du saint. Celui ci n’est pas représenté allongé comme nous pourrions en avoir l’habitude. Mais se tient debout sur son propre cercueil. Il tient dans ses mains une croix qu’il regarde avec une certaine passion. Au dessus de son crâne est figuré son statut de saint du fait de la couronne d’étoile. Vient alors au dessous du tombeau le reste de cette magnifique représentation : deux anges soutiennent le cercueil d’argent tandis que depuis celui-ci tombe une guirlande florale. Entre l’arc de cette même guirlande notre regard y trouve un chérubin. Au dessous des anges, un drap en argent a été figuré, ce qui donne une délimitation presque palpable avec le sacrée de leur représentation.

Au dessous de cette impressionnant enchevêtrement d’argent se découvre alors une grande partie de marbre rouge. Au coeur duquel une structure de noir et d’or prend forme. Sur la structure de marbre rouge des vertues y sont représentées, nous regardant avec une grande dignité. C’est donc cet ensemble époustouflant et aussi sa qualité encore aujourd’hui sauvegardé qui attire le spectateur et pendant notre visite qui nous a laissée une grande impression, ainsi qu’une difficulté d’accès que nous avons surmontée avec une grande joie pour pouvoir contempler cette sculpture.

Stéphanie Moreau, Jean-Christophe Vidal & Camille Defever.

Cathédrale Saint-Guy : L’envoi du Saint-Esprit dans la chapelle Sainte Ludmila

La cathédrale Saint- Guy, qui est située dans l’enceinte du château de Prague, est la plus grande et importante du pays. On peut trouver dans celle-ci des vitraux du XXème siècle réalisés par de grands artistes de l’époque, tels que Alfons Mucha, au cœur d’un écrin d’architecture gothique datant du XIVème siècle. Par exemple, on peut voir ci-dessus le vitrail représentant l’envoi du saint esprit qui se trouve dans la chapelle Sainte-Ludmila. Cette dernière reste peu visible dans la première travée du côté sud de la nef.

Le vitrail est une idée originale de Josef Cibulka, né en 1886 et mort en 1968, le thème de celui-ci a été choisi et élaboré aux alentours de 1930. Il figure l’envoi du Saint-Esprit par le Christ aux apôtres rassemblés au Cénacle, la salle dans laquelle Jésus-Christ se réunit avec ses disciples lors de la Cène.

Dans le quintilobe de la partie supérieure, le Christ trône vêtu d’une toge d’un rouge éclatant. Ses mains relâchent le Saint-Esprit. Les apôtres sont assemblés avec la Vierge Marie dans la partie inférieure de la fenêtre. Le garçon, devant la pièce en bas à droite, tient un bretzel dans sa main gauche, ce qui symbolise les boulangers et les pâtissiers.

En bas à droite, un jeune garçon porte un bretzel à la main


Ce vitrail insuffle des idées du Moyen-Âge présentent dans les textes tel que le fait que dieu est lumière, cependant ici, il est incarné par la colombe. De plus, à midi, le soleil passe à travers cette colombe. Les couleurs utilisées pour la réalisation du vitrail sont flamboyantes et vibrantes ce qui rend le vitrail, son décor et ses personnages plus vivants.

Pour conclure, ces vitraux sont impressionnants et restent grandioses même s’il est facile de remarquer qu’il ne s’agit pas de vitraux médiévaux et qu’ils sont donc postérieur à la cathédrale. On est tout de même immédiatement subjugué par la beauté de ces milliers d’éclats de verres colorés qui mettent parfaitement en valeur l’édifice. Enfin, ils fournissent un éclairage audacieux partout dans le bâtiment.

Mylène Huon

Une journée au château de Prague

Au cours de notre séjour dans la magnifique ville de Prague, nous avons eu le plaisir et la chance de nous promener dans la ville, jusqu’à rencontrer la magnifique cathédrale Saint-Guy et le château juste en face.
Situé sur la colline de Hradčany et dominant la Vieille Ville de Prague et Malá Strana, cet ensemble monumental émerge d’une couronne de jardins et de toits et déploie sa longue façade horizontale d’où jaillissent les tours de la cathédrale Saint-Guy et de la basilique Saint-Georges.
La cathédrale Saint-Guy (en tchèque : Katedrála svatého Víta) est le siège de l’archevêché de Prague. De son nom complet : Cathédrale Saint-Guy, Saint Venceslas et Saint-Adalbert, l’édifice est située à l’intérieur du Château de Prague, elle est un excellent exemple d’architecture gothique et est la plus grande et plus importante église du pays.

Ses vitraux dont celui de la Légende de Cyrille-et-Méthode par Alfons Mucha (1931) datent pour la plupart du xxe siècle. La crypte funéraire des rois de Bohême contient les tombeaux de Charles IV, Venceslas IV, Rodolphe II.

La Tour sud possède une base gothique et un toit baroque, sa fenêtre médiane est ornée d’une grille Renaissance. Haute de 96 m, on y admire le panorama sur le Château et la ville.Elle surmonte la Porte d’or, portail de Peter Parler aux nervures dédoublées qui forment des triangles curvilignes et abrite une mosaïque vénitienne représentant Le Jugement dernier. La Tour sud comprend également la cloche Sigismond – la plus grande cloche tchèque, qui sonne du haut de la cathédrale depuis 1548. Avec ses 18 tonnes, il faut 4 sonneurs expérimentés pour la mettre en branle. Elle n’est utilisée qu’à des occasions solennelles.

Le château de Prague est le château fort où les rois de Bohême, les empereurs du Saint-Empire romain germanique, les présidents de la République tchécoslovaque, puis de la République tchèque, siègent ou ont siégé. Les joyaux de la couronne de Bohême y sont conservés.

Après avoir visité ces premiers lieux, nous nous sommes dirigés vers la Ruelle d’or : on raconte qu’elle doit son nom à l’empereur Rodolphe II, sous le règne duquel y habitaient des alchimistes qui s’efforçaient de produire de l’or. Mais en réalité, les premiers habitants de ces petites maisons furent les domestiques du Château. Ce furent ensuite des archers et, pour finir, des orfèvres, qui se réfugiaient là pour échapper aux taxes imposées par leurs guildes dans les villes de Bohême. C’est à ces derniers que la Ruelle d’Or doit son nom. Et l’ameublement actuel de chacune des maisons témoigne bien de la manière dont on y vécut au fil des siècles.

La Ruelle d’Or occupe une zone située entre les deux fortifications Nord du Château. C’est dans la seconde moitié du XVIème siècle qu’on commence à y édifier des maisons. Il s’agit alors de bâtiments de très petite taille destinés à n’être occupés que provisoirement, qui sont insérés entre les contreforts des arcades du mur Nord et ne dépassent pas leur épaisseur.
Au XXème siècle, des écrivains et des poètes se retrouvaient au numéro 12. Franz Kafka vécut et travailla pour sa part pendant plusieurs mois au numéro 22. Les maisons furent occupées jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Enfin, après avoir admiré la relève de la garde, nous nous sommes rendus sur le pont Charles, majestueux emblème de la ville. Reliant la Vieille-Ville de Prague (Staré Město en tchèque) au quartier de Malá Strana, il fut construit au xive siècle, et sera le seul pont sur la Vltava (la Moldau) jusqu’en 1741.

Symbole de la ville, incontournable pour les touristes, il est envahi de musiciens, d’artistes divers, de bonimenteurs et de camelots. Son nom fait référence au roi Charles IV qui n’eut de cesse d’embellir Prague. Sa construction a servi à remplacer l’ancien pont Judith édifié quelques mètres en amont et emporté par la Vltava en crue en 1342.

Voici un aperçu d’une journée inoubliable dans la capitale Tchèque ! Des monuments et lieux incontournables à ne surtout pas manquer !

Louise Villiers

Le Couvent Sainte-Agnès

Národní galerie Praha – klášter sv. Anežky Ceské

Lors du troisième jour de notre voyage, nous avons visité le Couvent Sainte-Agnès, un bâtiment gothique exceptionnel et très bien conservé fondé au XIIIe siècle, qui abrite aujourd’hui des collections d’art médiéval bohémien et occidental entre 1200 et 1550, proposant un parcours chronologique à travers des courants artistiques et des médiums variés. Le couvent Sainte-Agnès est un ancien couvent de religieuses au sein de la Vieille Ville de Prague. Son caractère historique et médiéval est propre à la ville tchèque.

Art médiéval, muséographie moderne

La première chose qui nous a marquées lors de la visite du Couvent et de ses collections, c’est sa muséographie : loin de la présentation usuelle des collections médiévales, souvent peu originale, ici nous faisons face à une présentation très moderne. Tantôt contre de grandes vitres (voir ci-contre) ou de grandes cimaises noires à l’aspect d’ardoises (voir ci-dessus). Les retables y sont exposés parfois clos ou complètement ouverts ce qui permet au visiteur de voir l’endroit et l’envers de l’œuvre. Une caractéristique qui rend la visite très agréable car chaque détail est mis en avant. Les lacunes qui empêchent de considérer l’œuvre dans sa totalité sont également figurées afin de se projeter totalement.
La très riche collection se découvre ainsi dans un décalage étonnant – mais agréable – entre art médiéval et mise en scène contemporaine, qui nous invite à nous interroger sur les méthodes d’exposition de ce type de collection.
Surprenant également, le passage dans les salles conservées du cloître et de l’église Saint-François accolée au couvent. D’un coup, la descente d’un escalier et puis plus d’oeuvres mais “seulement” les salles dans lesquelles les nonnes vivaient et prenaient leurs repas au XIIIe siècle ainsi qu’un lapidarium intéressant. Une sorte de pause, de respiration dans la très vaste exposition : plusieurs centaines d’oeuvres, étalées sur près de quatre siècles de production et plusieurs espaces de création (Bohème, Europe centrale).
Ce lieu nous offre également des supports pédagogiques qui sont toujours agréables à réaliser. Nous pouvons nous imaginer les activités qui se pratiquaient à l’intérieur du couvent et ainsi mettre en application les choses déjà vues dans nos cours d’art médiéval : calligraphie traditionnel à la plume et à l’encre, tampons et presses permettant d’imiter les motifs enluminés sont laissés à disposition des visiteurs pour permettre une immersion totale dans l’univers du couvent.

Des différences entre l’art Bohémien et l’art occidental

Au long de la visite, une chose devient claire alors que l’on parcourt les oeuvres et leurs cartels : l’art de Bohème se différencie, par de subtiles différences de traitement, de l’art gothique français par exemple. On y devine aussi des influences, italiennes ou flamandes. Nous l’avons constaté notamment dans le traitement du sang et de l’image du Christ dans les tableaux religieux, une dimension très humaine dans le sacré. Il est certain que d’autres différences existent : de quoi nous pousser à nous pencher sur cet art en ouvrant quelques ouvrages à notre retour en France.
Ce fut alors une découverte importante au sein de la ville de Prague qui nous offre déjà un panorama artistique diversifié. En effet cette collection appartient au groupe de la National Galerie de Prague qui rassemble 7 musées aux thématiques différentes, en plus des musées privés.

Louise Berrez et Gwenn Fraser

L’art de la peinture et Alfons Mucha

Alfons Mucha, Prophetess, 1896, tempera, 87 x 138 cm, Prague, Musée Mucha

Le musée Mucha expose de nombreuses affiches de l’artiste, qui lui ont conférées une gloire internationale. Mais au cours de notre visite nous avons aussi eu la chance d’y observer quelques peintures qu’il a réalisé. Car si Alfons Mucha a été un célèbre affichiste et dessinateur, participant au début de l’art nouveau, n’oublions pas qu’il fut également un peintre. Il a d’ailleurs étudié cette technique lors de ses études à l’académie des Beaux-Arts de Munich.
Sa peinture possède des sujets communs avec ses affiches : on y retrouve de nombreuses femmes et un certain mysticisme. Nous avons par exemple observé ces similitudes dans une tempera typique de ses premières peintures : Prophétesse de 1896. Ici il représente une jeune fille d’une grande beauté, entourée par la nature dans une composition assez classique.

Une de ses œuvres peintes m’a particulièrement touchée : Étoiles datant de 1923. Y est représentée une femme russe, assise dans la neige alors que la nuit est tombée. Elle a les yeux fermés et les mains tendues vers le ciel. Cette position traduit l’abandon de cette femme qui accepte sa mort qu’elle sait proche. En effet on peut apercevoir sur le côté gauche de la toile des formes sombres : des loups approchent. Cette présence nous laissent facilement imaginer la fin tragique de cette femme. Cependant il y a également un certain mysticisme dans ce tableau : l’étoile qui brille vivement au dessus d’elle. S’agit il d’une forme d’espoir, ou l’esprit de cette femme qui quitte déjà son corps ? Les couleurs froides du tableau, dominé par le bleu, ainsi que l’expression de ce personnage nous invite à une certaine méditation sur la vie, et presque à un certain apaisement. Avec cette toile Mucha veut rendre hommage au peuple russe pour qui il a une grande sympathie. Ici l’artiste dépeint la souffrance de ce peuple qui connait la guerre civile et la famine suite à la révolution Bolchévique de 1917. Pour réaliser cette toile Mucha a utilisé une photographie qui lui a servi de modèle, chose que l’artiste faisait régulièrement et qu’on peut observer plusieurs fois dans l’exposition.

Alfons Mucha, Étoile, 1923, huile sur toile, Prague, Musée Mucha © Mucha Museum / Mucha Trust 2017

La vidéo présentée à la fin du musée nous rappelle aussi une série d’œuvres qui a occupé Mucha pendant la dernière partie de sa vie : l’Épopée Slave. Si l’artiste a longtemps habité à Paris il n’en n’est pas moins un grand patriote. Lors de son retour dans son pays en 1910, il va réaliser ces tableaux qui ont pour but de glorifier les slaves et leur histoire. Cette série de 20 tableaux, qui a pris 18ans à Mucha pour l’achever, a été financé en grande partie par l’Américain Charles Richard Carter qui a été un mécène important.
Ces œuvres représentent chacune un évènement de l’histoire du pays qui a été choisi par Mucha et que l’artiste considère donc comme important. Celui ci invite ainsi à l’union de son pays. Ces toiles recouvrent une grande période de l’histoire, du IIIe siècle jusqu’au XXe, époque du peintre. Bien sur on est loin d’une représentation historique réaliste et Mucha projette beaucoup de fantasme dans ces tableaux « d’Histoire ». Ce cycle se termine par l’Apothéose des Slaves, où Mucha figure la puissance et la grandeur de son peuple.

Bien que cette production de peinture ait été importante, la postérité n’a retenu de Mucha que ses affiches. En effet il ne fut pas d’une aussi grande inventivité en peinture que dans ses dessins. Il est donc important de se souvenir de cette partie de son œuvre qui, bien qu’aujourd’hui un peu oubliée, fut très importante dans sa vie d’artiste.

Elise Cochelin

Le cimetière de Vysehrad

Au cours de nos pérégrinations dans la ville de Prague nous avons visité le quartier de Vysehrad, au sud du quartier historique de la ville. Au sommet de la colline se dresse le « château des hauteurs » , la basilique Saint-Pierre-et-Paul et son célèbre cimetière. Y reposent de grands noms tchèques, comme l’artiste Alfons Mucha.

Le cimetière, orné de nombreuses fleurs, de couleurs et de statues, ressemble à un parc, et durant quelque instant, la mort semble oubliée. La sculpture est belle, vive, et donne l’impression de se trouver dans un palais d’art.

Il y a des promenades et de petits pavillons dans le cimetière. Les sculptures ornant les pierres tombales sont très raffinées, certaines traitant de thèmes religieux, comme l’image de la Vierge. Certaines sont les effigies du défunt lui-même. Il est intéressant de ressentir les pensées de la famille à propos du défunt, en admirant simplement l’oeuvre bâtie sur sa pierre tombale.

Chenkai Zhou

Le musée Mucha

Alfons Mucha, Les Fleurs, lithographies, 105x45cm, vers 1897

Alfons Mucha, artiste de l’art nouveau du XXe siècle, se voit dédier un musée à Prague, ville de ses derniers jours. Ce dernier présente en grande partie son travail d’illustrateur d’affiche qui fit son succès et sa renommée encore actuelle. Les femmes jonchées de fleurs et d’arabesques se multiplient pour nous laisser entrer dans l’art de la belle époque.
De l’affiche de décoration à celles annonçant pièces de théâtres ou Salons parisiens, les courbes de la femme jouent avec celles des éléments naturels ou motifs décoratifs imaginés par l’artiste.


Les différentes œuvres présentées permettent d’appréhender l’aspect technique dans un second temps. Affiches stoppées en cours de réalisations ou travaux préparatoires présentent le travail et le talent de Mucha. Quelques photos viennent également agrémenter la visite et laissent entrevoir la vie d’un atelier et les différentes relations tissées par l’artiste dans le milieu artistique.


Son génie ne se limite pas à l’illustration d’affiches, de catalogues, revues, calendriers… mais s’exporte à la peinture. D’un genre plus classique tiré de son enseignement parisien tel que celui reçu à l’Académie Julian, les peintures témoignent d’un engagement envers la cause nationale. Ces œuvres moins connues du public sont accompagnées des quelques objets de mobiliers et photos intensifiant l’immersion dans son univers.

Le musée se termine sur la diffusion d’un court film narrant l’histoire de l’artiste tchèque. Alors que celui-ci dévoile la vie de Mucha, il apporte un complément sur les œuvres emblématiques mais non comprises dans les collections du musée.

Aurore Gautier

Prague, ville de légendes : Le Golem

Dans les boutiques de souvenirs de Prague, il n’est pas rare de croiser d’étranges statuettes figurant un être minimaliste, sans détails du visage ou des membres, parfois orné de lettres hébraïques : Il s’agit du célèbre Golem de Prague. La créature est en effet un incontournable du folklore Pragois, ainsi que de son tourisme, qui capitalise beaucoup sur la légende. Des lieux emblématiques de la ville sont associés aux protagonistes de la légende et de nombreux produits dérivés sont disponibles tels que des livres narrant l’histoire, des figurines ou même des sacs à l’effigie du monstre. Le Golem est presque l’emblème de la ville avec Alfonse Mucha et Franz Kafka.

Les origines du Golem

Le Golem est à l’origine, une créature associée au folklore juif, présent dans le livre des psaumes ainsi que le talmud (deux textes fondamentaux de la religion juive). Il s’agit d’un être dont la forme évoque un humain. En hébreux le mot Golem signifie « embryon » ou encore « inachevé ».

Le Golem peut prendre vie, animé par une magie liée à des connaissances sacrée. La créature est présentée comme un être inachevé, sans libre arbitre, dépourvu d’âme, destiné à servir son créateur. Le Sefer Yesirah (Livre de la création) étoffe le personnage, en y associant notamment une lecture ésotérique. Selon les versions, il existe différents rituels pour animer un Golem. La plus célèbre implique de graver sur la peau de la créature le mot Emet (la vérité ou le Sceau du Dieu unique en hébreux). Espace réservé au texte. Lorsque la première lettre du mot est effacée, les lettres forment le mot « met » (soit mort en hébreux). La suppression de la première lettre du mot de base permet de désactiver ou de tuer la créature. Dans la tradition du Hassidisme Ashkénaze du XVe siècle, le Golem bien que servile créature crée pour servir ses maître, peut apparaître comme un être maléfique, qu’il est nécessaire de détruire pour éviter d’éventuels dégâts.

La légende de Prague

Bien qu’ayant des origines développées et anciennes, c’est la légende associée à la ville de Prague qui est la plus connue. L’histoire du Golem de Prague est indissociable du quartier juif Josefov, ancien ghetto de la cité. La légende est communément située au XVIe siècle. La communauté juive est accusée par les chrétiens de meurtres rituels et d’autres rumeurs développant l’hostilité envers les juifs. Le Rabbin Yehuda Loew (un personnage historique et rabbin Pragois) décide de protéger son peuple. Il façonne le Golem pour faire cesser les pogroms. La créature veille la nuit sur le quartier juif. Mais il devient un jour fou et échappe au contrôle du rabbin, qui est alors contraint de le détruire. Cette version devient un mythe populaire au XIXe siècle, essentiellement grâce au roman de Gustav Meyrink qui reprend la légende en y insufflant un sens symbolique ainsi qu’une critique sociale alors inédite.

Un créateur bien réel.

Description de cette image, également commentée ci-après
Le rabbi Loew et son Golem,
Mikolas Ales, 1899.

La légende est fortement encrée dans la réalité, car attaché à un personnage bien réel, son créateur : Rabbi Yehuda Loew dit le « Maharal de Prague ». Érudit du XVIe siècle, mort en 1699, il est l’auteur d’œuvres théoriques, cette figure devient indissociable de Prague, ville dans laquelle il vécût de nombreuses années. La légende dépasse l’histoire et fait de Rabbi Loew le père du Golem. Diverses recherches furent cependant menées afin de démêler le vrai du faux. Ada Ackerman (commissaire de l’exposition Golem ! Avatars d’une légende d’argile à Paris 16 juillet 2017 au musée d’art et d’histoire du Judaïsme) soutient que la légende de Prague ne repose sur aucun de fait réel. Rabbi Loew n’évoque jamais la créature dans ses écrits. Le Golem est en réalité une créature folklorique présente dans de nombreuses légendes notamment polonaises, donc extérieures à Prague. Dans certains cercles mystiques et kabbalistiques le mythe n’en était pas un.

Le Golem dans la culture populaire

Le Golem jouit d’une forte renommée dans la culture populaire. Plusieurs films adaptés du roman de Meyrink lui sont consacrés. La version de 1920 par Paul Wegener est présentée comme la plus aboutie. L’œuvre est également une pièce capitale du cinéma expressionniste allemand. Le physique du monstre est bien différent des figurines présentes dans les magasins de souvenirs pragois. Le personnage est plus détaillé et est animé par une étoile de David. Le monstre du film fait également une apparition dans l’épisode n° de la saison des Simpson. Le thème de la créature se soustrayant au contrôle de son créateur n’est pas sans rappeler le monstre de Frankenstein crée par Mary Shelley peu de temps après la parution du roman de Meyrink.

Suivre le Golem à Prague

La ville porte l’empreinte de la créature qu’il est possible de suivre à travers Prague. Tout d’abord, il convient de visiter le cadre même de l’histoire du Golem : Le quartier Juif de Josefov. Le père du Golem, Rabbi Loew (mort en 1699) est enterré dans le cimetière juif de la ville. Ce lieu emblématique où les pierres tombales se chevauchent est associé à un musée de la Shoah. Les touristes peuvent également apercevoir le Rabbin immortalisé par Ladislas Saloun en 1912. La Statue est visible à l’angle des entrées monumentales de l’hôtel de ville de Prague. Le corps du Golem, quant à lui, serait entreposé dans le grenier de la synagogue Vielle-Nouvelle à Prague.

Amélie Detroussel